A partir du Xe siècle, les rois capétiens vont tenter d’étendre le domaine royal. Poursuivant cet objectif, Philippe Auguste confisque, au début du XIIIe siècle, les fiefs du roi d’Angleterre, Jean sans Terre ( la Normandie…). Il lance également une expédition militaire sur les terres de Guy II. Ce dernier, comte d’Auvergne, est favorable au roi d’Angleterre. Philipe Auguste le dépouille alors de presque tout son comté. Seule lui reste la région de Vic le Comte, hérissée de châteaux qui n’ont pas été occupés par l’armée royale (Usson, Ybois, Saint-Babel, Buron, Mirefleurs, Busséol, Saint-Julien de Coppel, Crains).
En 1229, Vic devient alors la capitale de ce petit comté et connaît un développement que la localité n’aurait jamais eu sans cette circonstance : construction d’un palais, d’une enceinte fortifiée, établissement d’un siège de justice, d’une chancellerie, de diverses administrations.
Deux novembre de l’an du Seigneur mil trois cent soixante-sept. Jean Ier, comte d’Auvergne tient dans son palais vicomtois une assemblée peu commune. En présence de son chancelier, de deux de ses chevaliers, il a réuni une quarantaine de Vicomtois dont les quatre consuls. La Charte de Franchise vient d’être rédigée. Le comte, la main placée sur les Saints Evangiles, jure de la respecter.
Quelles sont les grandes lignes de la Charte ? La taille, impôt seigneurial par excellence, est fixée à une somme modique. Plusieurs clauses favorisent le développement commercial et artisanal de la Cité. Certains articles visent également à prévenir les violences. A titre d'exemple, une personne, qui dans un accès de colère, sort un glaive contre son semblable, même s’il ne l’a pas frappé, sera condamnée à soixante sols d’amende ! Enfin, la Charte prévoit la création d’un pouvoir politique. L’administration courante est confiée à quatre consuls élus par les habitants. Les consuls pourront également garder les clés de la ville et de la forteresse.
« Cordeliers » est le nom que prirent les Franciscains établis en France. Le couvent de cet ordre mendiant s’installe aux portes de la ville.
Entre 1520 et 1524, Jean Stuart, duc d’Albanie, cousin des rois d’Ecosse, époux d’Anne de la Tour, comtesse d’Auvergne fait édifier une Sainte-Chapelle au cœur de son palais comtal de Vic. Il confie à Rustici, artiste florentin et ami de Léonard de Vinci, le soin de sculpter les statues des 12 apôtres. Cet ensemble est exécuté à Paris entre 1528 et 1529, époque durant laquelle Rustici devient le sculpteur attitré de François 1er.


Jean Stuart, duc d’Albanie, un temps gouverneur d’Ecosse, épouse l’une des dernières descendantes des comtes d’Auvergne, Anne de la Tour. La sœur de cette dernière avait épousé Laurent de Médicis, et à la mort sans descendance de Jean Stuart, le Comté passe dans les mains de la fille de Laurent de Médicis, Catherine de Médicis.
La reine résida-t-elle à Vic ? L’histoire retient une simple nuit passée dans la ville. En pleine guerre de religion, dans l’espoir d’affermir l’autorité royale, Catherine de Médicis décide de faire entreprendre au roi Charles IX un voyage à travers la France. Traversant l’Auvergne, le cortège fait une courte halte à Vic-le-Comte les 29 et 30 mars 1566.
Quant au Comté d’Auvergne, Catherine de Médicis active son morcellement en vendant ou en donnant peu à peu la plupart des sites périphériques à Vic : Enval (1554 ), Yronde (1559), La Chaux-Montgros (1574), Saint-Julien de Coppel (1586).
Le Comté passe aux mains de la reine Margot qui continue le démembrement (Busséol en 1590). A sa mort, elle lègue ce qui reste au futur roi Louis XIII.
En 1589, le comte de Randan, ligueur, tente de prendre possession de la ville et en fait le siège pendant treize jours.
Pour l’incommoder, les Vicomtois n’hésitent pas à abattre les constructions des faubourgs qui peuvent offrir à l’ennemi des positions excellentes pour canonner la ville. Même les deux clochers de l’église paroissiale sont sacrifiés. Randan ne peut s’emparer de la ville et se replie.
En 1591, c’est au tour du duc de Nemours d’assiéger Vic-le-Comte. Après un sévère bombardement, il lève le siège en échange de 2 500 écus. Au retour de la paix, Henri IV accorde des exemptions d’impôts pour permettre le relèvement de la ville. Les fortifications sont alors dans un état lamentable et la belle tour carrée qui surmonte la porte Robin s’effondre !
Au milieu du XVIIe siècle, l’Auvergne comme le reste du royaume, connaît le renouveau du catholicisme. Un grand nombre de maisons religieuses sont fondées surtout dans les villes où de riches particuliers nobles ou bourgeois dotent les établissements.
C’est le cas du couvent fondé en 1645. Il appartient à l’ordre de Fontevrault et rassemble des religieuses à la fois contemplatives et enseignantes. Elles accueillent des jeunes filles de la bourgeoisie locale pour faire leur éducation. Rénové en 1982, le Couvent des Dames est actuellement la bibliothèque de la communauté de communes Allier Comté Communauté.
Sur la place du marché, en plein de cœur de la cité, Dominique Montaigue, gouverneur des Eaux et Forêts de l’époque, fait construire en 1722 une fontaine monumentale. Cette dernière est alimentée par une source située à l’entrée de la forêt de la Comté, à trois kilomètres du bourg. Il confie alors les travaux à Michel et Benoît Charpinet, architectes à Volvic et exige qu’il soit gravé sur la margelle une inscription latine que nous traduirons ainsi :
L’eau sans le vin tortille,
L’excès de vin fait qu’on vacille
Alors, pour que l’on soit bien,
Il faut que l’eau tempère le vin !
Les habitants de Vic le Comte rédigent un cahier de doléances.
Le cahier est surtout l’œuvre de François Cuel, avocat, dernier bailli du comté d’Auvergne, député suppléant aux Etats-Généraux, député à l’Assemblée législative et bientôt fondateur du club des Jacobins de Vic le Comte.
Annet Pardoux est né à Vic-le-Comte le 5 octobre 1775 d’une famille de cultivateurs. A l’âge de 17 ans, il décide de se consacrer exclusivement à son travail d’inventeur. Il installe son atelier à Vic-le-Comte.
Une horloge représentant la Passion de Jésus-Christ, un mécanisme de quinze mille pièces animées reproduisant la Création, des presses à huile, un nouveau procédé pour broyer les noix, une mécanique pour fabriquer plusieurs sabots à la fois, des machines hydrauliques sont quelques-unes des nombreuses réalisations de cet inventeur génial.
Pendant la Terreur, et dans le cadre de la politique de déchristianisation menée par le comité de Salut Public, la commune prend le nom de Vic-sur-Allier.
L’Allier est alors navigable et des bateaux à faible tirant d’eau, les sapinières, transportent hors de la province la plus grosse part des marchandises lourdes qui atteignent ainsi les portes de la Loire jusqu’à Nantes.
Difficile d’imaginer aujourd’hui l’intense trafic fluvial qui animait l’Allier. A l’apogée du trafic, au milieu du 19e siècle, on recense jusqu’à 8000 sapinières. Entre 20 et 30 bateaux par jour transportent quelque 200000 tonnes de marchandises !
Longues est alors un port qui sert au chargement du vin produit sur les coteaux de la Limagne.
La ligne de chemin de fer arrive à Longues. Il faut alors 10 heures pour rejoindre Paris ! Les vignerons vicomtois, comme tous ceux de la région, alimentent la capitale en vin. Le vignoble auvergnat est à son apogée.
Paysans, instituteurs, vignerons, artisans fondent une des plus vieilles sociétés musicales du département.
Le phylloxera est un insecte, dont les pucerons injectent une salive toxique dans les racines, qui provoque la mort des ceps.
La maladie apparaît dans le Gard en 1865. Elle touche le vignoble vicomtois en 1894. Le désastre est général. Les deux tiers des vignes françaises sont détruites.
En quelques jours, les hommes de 20 à 50 ans quittent la commune. Comme tous les hommes mobilisés, ils croient partir pour trois mois, ils manqueront en fait 5 récoltes !
Rapidement, de nombreuses familles connaissent des difficultés financières. De plus, tous les docteurs de la commune sont mobilisés. Les marchés et les foires ne fonctionnent plus, les transactions sous la Halle aux grains sont pratiquement supprimées.
Pour les 4 premiers mois de guerre, on recense 11 jeunes Vicomtois tués au combat ! Au total, 58 hommes meurent lors de ce conflit.
La Grande Guerre a une conséquence inattendue pour la commune de Vic le Comte. La papeterie de la Banque de France est alors installée à Biercy en Seine et Marne. Le gouvernement juge qu’elle est implantée beaucoup trop près des frontières allemandes. Aussi, les qualités hydrométriques de l’Allier et la situation des terrains à proximité de la voie ferrée font de Longues un lieu idéal.
La construction de la papeterie débute en 1921 et les premiers billets en sortent en 1923 !
Les funérailles se déroulent en août 44. La population défile devant les cercueils drapés du drapeau tricolore, placés devant la salle des fêtes.
Yves Bourdelle commence à fouiller l’abri Durif à Enval et découvre la seule Vénus connue à ce jour en Auvergne, ainsi que des perles de lignite, des plaquettes gravées et un ensemble représentatif d’outils et d’ossements datant de l'époque magdalénienne.
A l'occasion de la Fête du château de Parsberg, 250 Vicomtois se rendent à Parsberg. L'acte solennel de jumelage est signé par Wolfgang Pöller, Bourgmestre et Henri Bertrand, Maire.